« Chacun possède une vocation ou une mission spécifique dans la vie […] de telle sorte qu’il est unique et irremplaçable, car sa vie ne peut jamais être reproduite. La tâche de toute personne est unique, dans le sens qu’elle seule peut réaliser cette chance unique ». Viktor Frankl

Troisième voie dans l’école de psychothérapie après celles de Freud et d’Adler, la logothérapie de Viktor Frankl aide la personne à reconnaître les valeurs qui l’attirent, à savoir apprécier qu’elle est un être unique, à prendre conscience de ses responsabilités, à découvrir le sens qu’elle peut trouver dans sa situation concrète de vie, à expérimenter qu’elle est précieuse. La Logothérapie considère l’ orientation vers le sens – la signification – comme motivation première de l’existence humaine, bien au-delà de la satisfaction de ses pulsions et de sa soif de pouvoir.

Viktor Frankl postule en effet que la recherche d’une vie sensée constitue la motivation humaine fondamentale, tandis que le sentiment de déficit ou de perte de sens est à l’origine du « vide existentiel ». Et force est de constater qu’un bon nombre de nos contemporains souffrent d’un vide existentiel, se traduisant par un état d’ennui profond. Ces personnes démotivées pour « agir » à l’extérieur, se replient sur elles-mêmes. Dans le travail par exemple, certains patients confient qu’ils « se sentent réduits à des instruments, à des outils et ne savent pas à quelle fin ils travaillent». L’homme qui ressent un tel vide cherche alors à le combler par une satisfaction immédiate : le pouvoir, l’argent, l’addiction qui assouvit sa quête de sens… de façon éphémère. C’est ici qu’intervient le thérapeute. Il « réveille le patient » en l’interrogeant sur le sens profond de son existence et fait ressortir son potentiel inexploité. Par l’écoute du patient et de son histoire, le logothérapeute met en lumière ses capacités et les valeurs qui lui sont chères. La relecture de vie du patient met également en évidence le fil conducteur de sa vie. Le but est de retrouver l’estime de soi et de se tourner vers l’avenir. Chacun doit trouver le sens de sa vie et trois manières permettent de le révéler : l’accomplissement d’une bonne action qui tourne le patient vers autrui, l’expérience de l’amour, de la beauté et de la bonté et enfin l’acceptation d’une souffrance. Ainsi la logothérapie redonne-t-elle non seulement du sens à la vie des patients mais plus encore, elle les responsabilise.

L’analyse existentielle (Existenzanalyse) constitue le versant philosophique de la logothérapie (ou: thérapie centrée sur le sens), et se distingue de la Daseinsanalyse de Ludwig Binswanger, bien que ces deux mouvances procèdent de la phénoménologie. En tant que clinique spécifique, la logothérapie a pour objet le traitement de la névrose noogène, c’est-à-dire le traitement des souffrances consécutives au vide existentiel. En tant que clinique complémentaire, la logothérapie intervient pour aider les patients à définir ou réévaluer leurs raisons de vivre, par exemple après un choc traumatique (deuil, accident, agression), en complément des réponses apportées par les méthodes traditionnelles (médecine, psychiatrie, psychanalyse, approches psychodynamiques, etc.).

Pour plus d’informations, écoutez l’interview de Georges-Elia Sarfati (Efrate) sur France Culture :